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vendredi 30 mars 2018

Faites entrer les chroniqueurs judiciaires

[ par Brigitte Lannaud Levy ]



C’est dans la salle de la chambre des Criées du Palais de justice de Paris que deux des plus talentueuses signatures de la presse judiciaire, Pascale Robert-Diard (au journal Le Monde depuis 2001) et Stéphane Durand-Souffland (au Figaro depuis 2002), ont choisi de présenter leur dernier livre écrit à quatre mains : « Jours de crimes » (Éditions de l’Iconoclaste). Ils y racontent par fragments  sur 400 pages tout ce qui fait le sel des audiences en cour d’assises: ce qui fascine et effraie, ce qui fait pleurer souvent, mais rire aussi parfois. 

  

Ils se définissent tous deux comme des  «  ripailleurs d’humanité »  et nous livrent ce qu’ils ont vu, entendu et surtout ressenti tout au long de leur carrière. Toujours en veillant à être au plus près du « nu de la vie » et des vérités intérieures de tous côtés : accusés, victimes, hommes de loi.  Si les procès dont ils rendent compte sont bien souvent célèbres (Yvan Colonna, Antonio Ferrara, Bissonet, Fourniret…)  on les redécouvre comme en changeant de focale. C’est à travers les angles morts ou dans les choses minuscules du quotidien qu’ils nous révèlent ces grandes affaires judiciaires. « Le diable est dans les détails » comme l’a écrit Nietzsche. 
 Avec le procès de Tarnac qui vient de s’achever entre ces quatre murs, c’était l'une des dernières fois que l’ont pouvait accéder à cette mythique Chambre des criées. Le déménagement du Palais de justice de Paris aux Batignolles va sceller le sort de cette salle.  C’est ici que depuis deux cents ans se déroulaient les ventes aux enchères judiciaires à la bougie mais aussi chaque année la conférence  Berryer, dite conférence du stage.  Ce fameux exercice d’éloquence,  d’aptitudes oratoires et de capacités de conviction, a distingué  les plus grands ténors du Barreau de Paris. Ce soir de janvier dernier,  ce sont les deux célèbres chroniqueurs  judiciaires que l’on a fait entrer dans la salle . Pas pour aller dans le box des accusés, ici il n’y en a pas mais pour prendre la place du Président et de la Cour, face au public.



C'est accompagnés de Tommy, un dessinateur qu'ils sont entrés dans l'arène.
L'artiste va en "live Sketching", ponctuer leurs lectures de dessins d’humour projetés sur un écran. Ces croquis sur le vif sont au fil de la soirée toujours percutants, justes et drôles, même quand les sujets sont graves. C’est toute la force du dessin de presse. En fin de soirée Tommy très généreux de lui même a réalisé des croquis rapides à côté des dédicaces des deux auteurs dans l'ouvrage « Jours de crime ». Les dessins sont irrésistibles.

©Tommy
©Tommy


Pour ma part croquer et peindre cette soirée était une gageure. Il faisait nuit et pour que le public suive les dessins de Tommy projetés sur écran, la salle a été plongée dans le noir. Mais j’ai pu néanmoins sortir mon matériel, mon pot à eau et aquareller à l’estime sur mon carnet. Les récits d’audience étaient captivants tant la complicité entre les deux auteurs était forte, leurs talents d’orateur indéniables et complémentaires. Un humour second degré, très british pour Stéphane Durand-Souffland et pour Pascale Robert-Diard une voix feutrée ponctuée de silences qui en disent long...toute en émotion. Une chance pour les lecteurs que ces deux sensibilités aient eu la bonne idée de croiser leurs plumes pour retracer les grandes affaires de leurs vies.











samedi 24 mars 2018

Conditions météorologiques extrêmes pour notre première session d'Usk10x10 Paris

[ par Marion Rivolier et Delphine Priollaud-Stoclet ]



Nous avons donné dimanche dernier le premier cours Usk10x10 à Paris. Eh oui, dimanche, c'est le jour où il faisait 0° et il neigeait! L'Urban Sketching, c'est aussi savoir s'adapter à toutes les situations même les plus extrêmes! Personne n'a baissé les bras, et voici quelques photos de la matinée.

Nous étions au parc de La Villette à Paris et les conditions météorologiques extrêmes nous ont poussé a présenter les bases de l'Urban Sketching et le matériel au café. Un grand merci à Faber-Castell pour les PITT artist pens, les graphites aquarellables et les Black Brushes qui ont ravi les participants!


La deuxième partie du cours s'est déroulée le long de la Philharmonie avec une vue magnifique enneigée sur le parc de la Villette et les Folies. Il s’agissait dans cet exercice de chercher son point de vue et ce que chacun voulait en dire : comment mettre en avant sont intérêt pour la lumière ou l’architecture, ou la matérialité. Pas simple de l’affirmer c’est pour cela que l’écrire, le formuler, aide à tenir le cap.
Parfois perdu dans une multitude de détails, on a des difficultés à savoir quoi dire. On peut aussi chercher à mettre en valeur un lieu qui nous semblait insignifiant au premier abord.


Merci pour votre participation et votre courage!


Un peu réchauffées par un déjeuner au chaud, Nous avons retrouvé le groupe pour une après-midi glaciale en dessins. En promettant une deuxième partie de cours à l’intérieur, nous avons proposé la récolte de sensations, couleurs et impressions face à la grande halle de la Villette et à la géode. La sensation de froid était la plus forte mais passé cela , des textures, couleurs, typographie, mots et expérimentations ont couverts les carnets. Très belle récolte!


Après cet échauffement, nous avons parlé cadrages: comment raconter son histoire par le cadrage et la focale ? Tout cela à partir du même point de vue. Nous avons eu des résultats étonnants.
Rendez-vous dans un mois pour le prochain cours ou il s’agira de s’attaquer à la perspective « sans prendre la fuite » avec Delphine!
Pourvu que la météo soit plus clémente...

lundi 19 mars 2018

Vivre à Paris Ombres et Lumières

[ par Claire Archenault ]



La Place Gambetta est un endroit que je fréquente au quotidien, pour la traverser, courir après un bus, ou prendre le métro ...
Je ne l'avais encore jamais dessinée, mais un samedi de février, la lumière changeante du soir m'a invité à saisir ce moment particulier entre crépuscule et nuit, assise frileusement à la terrasse de l'un des cafés qui entourent la place. Les arbres ne sont que troncs noirs, les fenêtres des immeubles se parent de lumières scintillantes, la sculpture en verre dépoli qui orne la place prend des reflets mauves et turquoises, restant indifférente à l'agitation des véhicules, bus et scooters...


Ce même jour de février, j'avais croqué par ma fenêtre la cité où je vis et le ciel cobalt d'un matin ensoleillé, avec cette plante tropicale qui vient chercher la lumière, blottie contre les carreaux.
Oui, c'est bien à Paris, dans le 20ème.
Pour faire ma contribution au "Carnet des Fenêtres" de USK France, j'ai attendu ce moment là...


Le Parc de Charonne est situé tout près des boulevards extérieurs, vers la Porte de Montreuil.
Dimanche dernier, le temps clément m'a permis de croquer sur un banc , à l'heure entre chien et loup, juste avant la fermeture du jardin. Les arbres ne sont qu'ombres cherchant le ciel, mais déjà les couleurs du soir prennent des tonalités plus fortes, et les discussions animées font écho à ce subtil changement , le printemps arrive bientôt!


Vivre à Paris, c'est aussi avoir la chance de découvrir des expositions, des artistes et des lieux étonnants .
Hier, dans l'exposition Black Dolls à la Maison Rouge, l'agent de surveillance m'a prêté sa chaise pour que je puisse esquisser quelques unes de ces Poupées Noires, créées par des femmes Afro-Américaines, au cours du siècle dernier. Elles sont extrêmement expressives et vivantes, et j'essaie de capter leur présence sombre et chaleureuse, en mélangeant sur ma palette brun, rouge et bleu…

jeudi 15 mars 2018

De retour au comptoir des bars parisiens

[ par Mat Let ]


Chaque année c'est la même chose : l'hiver me jette dans bars ! Je n'aime pas trop dessiner dans les musées et se poser dans la rue est peu ou prou suicidaire, les comptoirs sont donc ma bouée de sauvetage !
Depuis quelques temps, j'essaye de travailler sur les ambiances lumineuses, pour sortir un peu de mon "coloriage" habituel. Et de l'ambiance, dans les bars il y en a !
Au Château d'Eau, près de la station de métro du même nom, en milieu de semaine et en milieu de journée, je trouve un bar très animé, tant par les conversations que par le va-et-vient incessant des clients.
Je lutte avec mes couleurs, mais le résultat plaît beaucoup au serveur et à son patron qui me commandent des reproductions du croquis !



Autre style, à la Divette, au pied de la Butte Montmartre... Le bar est entièrement dédié à la gloire de l'ASSE, le club de foot de Saint-Etienne. Là je me sens comme un complet extra-terrestre ayant atterri par erreur sur une planète inconnue. Mais au moins, les autochtones m'ignorent royalement, me laissant me plonger dans les détails de la pléthorique décoration des lieux.
En partant, je montre le résultat au patron, qui n'est guère ému de voir son bar en dessin. Il faut dire que Monsieur est une star : pendant que je dessinais, la chaîne de télé officielle du club a diffusé un reportage exclusif sur le bar, avec une longue interview de lui !
Bref, je remballe mon carnet ! Allez les Verts !


En me posant aux Jolis Mômes, en bas de ma rue, je sens que les choses vont bien se passer : la terrasse fermée offre une vue sur la froideur de la rue qui contraste parfaitement avec l'ambiance cosy du bar. Le jeu des contrastes est parfait et facile à saisir !
En plus, ce couple en grande discussion m'offre un premier plan comme je les aime, expressif et avec une petit dramaturgie. Seul défaut : nous sommes dans l'espace fumeur...
Cette fois encore le serveur et son patron sont séduits par le dessin. Mais le patron m'invite à revenir une autre fois... et à dessiner son bar plutôt que la rue !
Je reviendrai !

vendredi 9 mars 2018

La Bastille sous la pluie

[ par Annick Botrel ]



Depuis quelque temps, j'aime associer calligraphies, collages papier et dessins. Je trouve que ces matériaux composites font sortir un peu du cadre classique du urban sketching mais ils apportent une autre dimension. Ici l'Opéra de la Bastille sous la pluie. Ce monument ingrat, construit par Carlos Ott, un jeune architecte uruguayen et canadien, fut inauguré par Mitterrand en 1989. Très controversé... Et pour cause ! Traité à l'époque d’hippopotame dans sa baignoire, moi je le surnomme le bunker !



L’urgence de la livraison pour être prêt pour le bicentenaire de la révolution a conduit à des raccourcis coûteux pour la suite. L’État a engagé un procès pour malfaçon en 1991 contre les entrepreneurs en raison de la dégradation très rapide de la façade du bâtiment.


Une dalle était tombée en 1990 et avait nécessité la pose de 5 000 m² de filets de sécurité pour 530 000 euros. Avec la vétusté dûe au temps, les besoins du bâtiment pour les mises aux normes, notamment incendie, vont encore nécessiter 12 millions d’euros. Curieux et intéressant amalgame entre cette forteresse et son environnement.

lundi 5 mars 2018

Tout, sauf un escalier !

[ par Agnès Selles ]



J'ai toujours été très effrayée à l'idée de dessiner un escalier. J'ai donc utilisé de nombreux stratagèmes pour m'en sortir sans trop de difficultés ! Petit tour d'horizon des différentes méthodes :

Devant le château de Fontainebleau et son terrible escalier en fer à cheval, je me suis prudemment installée derrière un buisson pour en masquer la plus grande partie.


Au parc Clichy Batignolles, j'ai tout simplement pris du recul. Quelques lignes brisées pour suggérer la pente, deux traits pour les rampes et aucune marche à dessiner.


A la cafétéria de la Halle Saint Pierre, je me suis courageusement rapprochée de l'escalier. Mais j'ai évité tout risque en me contentant d'esquisser la rambarde. A chacun d'imaginer le reste.


A la cité des Sciences, je me suis lancée dans l'escalier version "escalator". Facilement reconnaissable et en plus un peu perdu au milieu de tout l'espace.


Mais un jour quand même il faut bien se lancer ! Et c'est au Louvre, bien installée sur une banquette en pierre dans un endroit presque désert, que j'ai enfin osé dessiner : un véritable escalier !

jeudi 1 mars 2018

Aimer se perdre dans les détails

[ par Anne Weber ]



L'urban sketching offre une multitude de possibilités dans la retranscription de ce que nous avons sous les yeux : on peut , par exemple, choisir d'aborder le sujet choisi en travaillant rapidement à l'aide de la couleur puis en ajoutant éventuellement quelques traits pour compléter la compréhension ; cela donne au final des croquis très évocateurs.
Même si j'admire particulièrement les sketchers qui savent faire cela, mon plaisir dans le croquis urbain est tout autre : j'adore retranscrire les détails.
Par exemple, dans le premier croquis réalisé à l'intérieur de l'Opéra Garnier, j'ai tout de suite été attirée par les deux statues qui gardaient l'entrée de l'amphithéâtre au détriment de ce qui aurait pu être mon sujet principal : l'escalier.


Pour ce croquis de l'hôtel de ville, j'ai volontairement choisi un papier au format panoramique qui allait me permettre de m'intéresser aux détails du toit, sans avoir la place de dessiner la façade.



Ce dernier croquis a été réalisé à l'intérieur de l'église Saint Etienne du Mont. J'étais venue avec le l'objectif de dessiner le magnifique jubé qui traverse la nef ; mais en m'approchant, mon regard est resté accroché par la dentelle de pierre de l'escalier et la statue sur la droite.
Evidemment, le plaisir de se perdre dans les détails a un coût temporel ; si peu que le format du croquis soit un peu conséquent, le temps passé à dessiner dépasse les deux heures...