Sur les quais de Seine, cet espace éphémère, élégamment
habillé de collages poétiques de
l’illustrateur Emmanuel Pierre, n’a sans doute pas échappé à vos regards
aiguisés de sketchers parisiens. Son enseigne lumineuse «Dans l’œil du flâneur»,
toute de couleurs bariolées, se
détachait dans le ciel de Paris en cette fin septembre.
Après la Saatchi-Gallery de Londres, c’est sur le port de
Solférino entre le musée d’Orsay et l’Assemblée nationale que cette exposition itinérante de la maison Hermès a fait
escale dans notre capitale. Elle n’a hélas duré que deux semaines et s’est
terminée le 5 octobre dernier. Pour ceux qui l’auraient ratée, je l’ai
immortalisée en quelques croquis à l’aquarelle et encre sur carnet de Moleskine.
Avant de découvrir ce parcours féérique scénographié par le
designer et artiste Hubert le Gall, vous êtes accueillis à l’extérieur par des
contorsionnistes, des jongleurs et des acrobates qui présentent à l’air libre leurs
numéros comme dans les cirques d’antan. Un homme-sandwich déambule avec une
pancarte où on peut lire une jolie citation de Henri Calet «Il ne me déplait
pas en marchant, de me perdre un peu, de sortir du temps »
Puis vous pénétrez dans ce lieu comme dans un cabinet de
curiosités. Onze installations oniriques vous présentent les œuvres de jeunes créateurs
hétéroclites (Street- artiste, vidéaste, plasticien, chorégraphe…) qui mettent en
valeur de façon surréaliste ou poétique des objets rares issus de la collection
du fondateur de la maison Hermès : Émile Hermès (1871-1951). On ne peut
s’empêcher de penser à l’univers surréaliste de René Magritte. Ces objets, pleins d’âme et de charme, sont toujours présentés avec beaucoup d’humour. C’est ainsi que vous croisez un éléphant dans
un magasin de porcelaine ou un poisson volant échappé de sa cage à oiseau
ouverte.
Ou encore un très branché bouledogue français sorti d’une
boîte de nuit pour chiens: le Hotdog club. Baudelaire disait « Le
génie n’est que l’enfance retrouvée à volonté ». Et c’est ce que l’on
ressent lorsque l’on circule de salle en salle dans ces univers où l’imaginaire
prend tous ses droits.
Tiens, tiens au « Café des objets oubliés », une
boîte d’aquarelle est restée sur une table de bistro. Serait-elle celle d’un
Urban Sketcher tête en l'air, qui a croqué l’expo? En vous approchant des lumineux godets, vous
découvrez que les bleus sont un vrai ciel d’azur où filent les nuages ou encore
une mer du sud dont vous voyez le clapotis scintiller. Pour de vrai! Il
fallait bien toute la magie d’un vidéaste plasticien, pour nous provoquer une
irrésistible envie de plonger réellement dans les couleurs azurées d’une boîte
d’aquarelle.