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jeudi 9 août 2018

Une rencontre estivale à la Miroiterie

[ par Sophie Voisin ]


dessin de Sophie Voisin

Un samedi caniculaire, à 14h, les sketchers parisiens avaient rendez-vous à la Miroiterie.
Pas grand monde en ce début d’après-midi sur la friche urbaine du 88 de la rue de Ménilmontant : les enfants font la sieste et l’apéro du soir est encore loin. Le lieu est donc tout à nous.
Avant même de chercher le sujet à dessiner, il faut trouver la flaque d’ombre qui protégera de la cuisson immédiate. Agnès et Flore se sont assises sur les palettes branlantes recouvertes de pelouse synthétique qui longent la palissade. D’autres s’assurent la solidité des chaises en bois d’écolier et l’ombre des tentures colorées.

A gauche : dessin de Jean Mauferon.                                                                                    A droite : dessin d'Anne Weber

Près de nous une garderie accueille les petits, permettant aux parents de boire un verre tranquillement. C’est en tout cas ce que la jeune femme qui s’en occupe tente d’expliquer aux mères inquiètes qui lâchent difficilement leur progéniture.
A l’entrée, des artistes s’affairent sur une fresque collaborative : perchée sur une échelle, l’une colle des plaques de mousse végétale sur un mur tandis que l’autre, armé d’un aérographe, le recouvre des couleurs de l’arc-en-ciel. La douce musique du compresseur n’altère en rien la concentration de nos dessinateurs.
Les croqueurs sont croqués et les outils, variés : pendant que Jean dessine un masque au pinceau feutre, Anne dessine Jean au bic.



Vers 17h, tout le monde se retrouve pour le rituel échange de carnets. La foule commence à arriver. Il est temps de nous éclipser.
Encore une belle journée !

lundi 28 août 2017

La disparition de la Miroiterie, squat mythique de Ménilmontant

[par Sophie Voisin]


À la mi-février, descendant la rue de Ménilmontant, j’ai eu la surprise de voir que la démolition des bâtiments de la Miroiterie était en cours. Même si je n’ai pas fréquenté le lieu personnellement, il faisait partie de mon paysage depuis presque trente ans.
Cet ensemble de huit bâtiments disposés le long d’une courette en impasse avait été construit en 1930 par la famille Pipard sur une ancienne parcelle de vignes.
De 1945 à 1973, le peintre Daniel Pipard, surnommé le «Duc de Ménilmuch’ » en fait un haut lieu culturel, fréquenté par Prévert, Doisneau, Vian, Guitry et autres artistes renommés de l’époque. Le Duc meurt renversé par une voiture en 1978.
Succède une activité de miroiterie, déjà partiellement en place à l’époque du Duc. Elle perdurera vingt ans jusqu’à ce qu’un jeune ouvrier (le fils du patron, disait-on) meure, renversé par une voiture en descendant de son camion – l’Histoire bégaie parfois…
Je m’en souviens, c’était une belle journée de printemps, l’émotion avait été grande dans le quartier.
En 1999, des squatteurs ont investi les lieux. Il y avait des repas collectifs, un vestiaire où on pouvait déposer et prendre des vêtements gratuitement, des prestations musicales et plastiques de tous genres. La porte de l’allée et celle de la boutique étaient presque toujours ouvertes. L’occupation des lieux était tolérée par les autorités et s’intégrait au quotidien.
Jusqu’à cette année - ça devait être vers 2005 - où une histoire pas très claire impliquant un résident a donné lieu à une enquête de police. Le squat, s’il est resté toujours actif, est apparu moins accessible au simple passant. Malgré tout, les concerts continuaient, quelques artistes y avaient leur atelier et des sans domicile fixe pouvaient y trouver abri.

Quand trois ans plus tard un promoteur a racheté la parcelle, bâtiment après bâtiment, la menace d’une expulsion s’est faite plus précise. En 2014, la chute d’un arbre sur un mur lors d’un concert a accéléré l’évacuation d’un lieu devenu dangereux.

Et au début de cette année les pelleteuses sont arrivées.
La démolition a été particulièrement rapide.


Pendant l’été, le terrain a été confié aux gestionnaires de la Bellevilloise toute proche. Buvette, DJ, bacs à sable, déco bric-à-brac et bâches qui claquent au vent, on retrouve l’ambiance habituelle des friches urbaines qui fleurissent à Paris depuis quelques étés. Une forme de standardisation de l’éphémère.
En octobre les travaux démarreront. Le projet ne paraît pas d’une grande originalité architecturale mais bon…

samedi 1 avril 2017

Après ce qui fût - Avant ce qui sera

[ par Sophie Voisin ]

la démolition du 109 rue Orfila

Les chantiers de démolition, en laissant apparaître les traces de ce qui fût, nous parlent du temps qui passe. Des arrière-plans sont mis au jour, qui seront bientôt masqués par les nouvelles constructions. Les bâches plastiques noires, retenues par des tasseaux de bois, forment de grands tableaux abstraits.

Comme la mémoire est volatile, en avril dernier, alors que l’avis de démolition avait été affiché, j’avais fait deux rapides croquis de l’existant. En souvenir de ce qui avait été.

lundi 2 janvier 2017

Bibliothèques municipales, usages d'hiver

[ par Sophie Voisin ]


On y vient parfois en coup de vent, pour rendre ou emprunter des ouvrages que l’on lira chez soi. Mais un fauteuil vide, un livre ou une revue qui nous interpelle et on s’arrête, plus longtemps que prévu, pour plonger dans le temps suspendu de la lecture.


Cependant il n’y a pas que des «feuilleteurs» de passage à la bibliothèque. On trouve aussi beaucoup d’étudiants de tous âges qui en ont fait leur bureau. Le rond de lumière d’une lampe de travail, un relatif silence - les ados agités sont vite rappelés à l’ordre - et la mise à distance des distractions domestiques sont une aide précieuse pour qui doit se concentrer.


Enfin, la chaleur ambiante peut mener à l’assoupissement. Parmi les dormeurs, certains n’ont pas d’autre endroit où se reposer. Dans le salon de lecture de la bibliothèque Couronnes, un homme d’un certain âge, entièrement vêtu de noir, son bagage au pied, vient chaque jour faire sa nuit. Il ne prend pas la peine de faire semblant de lire. Il allonge son corps autant qu’il est possible, et s’affaisse progressivement, son visage blême replié dans son blouson… puis se redresse brutalement, bref réveil hagard, avant de s’assoupir à nouveau. Personne ne le dérange, personne ne l’agresse. La bibliothèque, l’ultime refuge.

jeudi 17 novembre 2016

Paris, mémoire du 20e arrondissement

[ par Sophie Voisin ]

 



Le 20e - comme d’autres arrondissements de bordure, anciennes zones de carrières - regorge d’allées, d’impasses et de petites maisons. Certaines, mal entretenues ou victimes de la spéculation foncière seront détruites ; d’autres seront réhabilitées après avoir été achetées à des prix souvent prohibitifs. Ainsi change cet arrondissement populaire, comme bien d’autres dans Paris intra-muros. Alors, tant qu’il en est encore temps et avant que pelleteuses et grilles à digicode ne nous empêchent de profiter de leur charme, croquons-les pour en garder la mémoire.




La cité de l’Ermitage, s’ouvre sur une maisonnette au jardin caché sous la verdure. En s’avançant dans l’allée, derrière une superbe grille à double vantail, une maison semble inhabitée depuis déjà un bon moment. Mais le toit est en cours de réparation et j’ai vu entrer deux ouvriers pendant que je dessinais, signe qu’elle n’est pas abandonnée…



Dans mon souvenir, il y avait un garage sur cette parcelle de la rue Orfila. Cela fait déjà un moment qu’il a été démoli. Pour autant aucune construction n’a encore commencé.

vendredi 12 août 2016

Devinette urbaine

[ par Sophie Voisin ]


Dans cette rue du 20e arrondissement, il y a une belle porte rouge vif et une girafe qui joue les équilibristes.



Il y a un portail assez banal, derrière lequel se cache une allée bordée de maisonnettes (René Féret y a tourné une partie du film à qui il a donné le nom de cette rue).
Et deux plants de vignes de part et d’autre de l’entrée d’un théâtre où chaque année depuis 1932 des habitants du quartier et quelques professionnels jouent la Passion du Christ. Mais ça n’est pas l'unique programmation !



Il y a aussi une maison basse, au coin d’une rue pavée, qui résiste vaillamment aux pressions des investisseurs.



Enfin, il y avait un foyer de travailleurs maliens. Bien intégrée au quartier, cette petite communauté vivait dans un ancien LEP. Les portes étaient toujours grandes ouvertes sur la cour intérieure et tous les ans le maïs grillait sur des barbecues sommaires, régalant les passants, grands ou petits. Toute une ambiance… ça n’est plus qu’un large trou où s’affairent des engins de chantier parfois assez impressionnants.

vendredi 1 juillet 2016

Le Jardin Carré-de-Baudouin dans le 20ème à Paris.

[ par Sophie Voisin ]

 



Longtemps, les enfants qui remontaient la rue de Ménilmontant pour aller à l’école primaire toute proche longeaient un mur un peu gris, d’où émergeait un pittoresque clocheton. Qu’y avait-il derrière ce mur ? Mystère. On savait juste qu’étaient logés là les «enfants de la Dass».
Ce bâtiment de trois étages avec chapelle intégrée a été construit en 1836 par les soeurs de la Charité de Saint-Vincent de Paul pour y abriter leur orphelinat. Depuis cette date c’est toujours resté un établissement pour l’accueil temporaire d’enfants en difficulté. Mais depuis l’acquisition de la parcelle par la Ville, le mur, devenu un support de street art, offre une porte d’entrée sur le jardin.



Le jardin Carré-de-Baudouin est donc ouvert depuis une dizaine d’années et il constitue un petit poumon vert bien apprécié des riverains. Des bancs ont été installés en cercle autour du gigantesque marronnier central. De là, on peut contempler la façade palladienne du pavillon Carré-de-Baudoin (du nom d’un des premiers propriétaires). Au 18e siècle cette «folie» fut un lieu de villégiature consacré aux fêtes et aux plaisirs, puis elle devint la maison de famille des Goncourt jusqu’à son acquisition par les Vincentiennes.



C’est maintenant un espace culturel municipal où se tiennent expositions et conférences en accès libre. Depuis le mois de mai ce sont les photos du collectif Le Bar Floreal qui animent les cimaises : «Un soir, j’ai assis la Beauté sur mes genoux… »



… et je l’ai trouvée amère. Et je l’ai injuriée.» (Rimbaud, Une Saison en enfer). Le Bar Floreal a été mis en liquidation judiciaire le 30 juillet 2015 après trente ans d’activité.

mardi 7 octobre 2014

Couleur et Collage au 8 rue Juillet, Portes Ouvertes de Ménilmontant


La grille bleue de l'atelier du 8 rue Juillet , le parasol et le fauteuil vide attendent les derniers visiteurs de ces Portes Ouvertes. Samedi et dimanche, de nombreux croqueurs du groupe Paris Sketchers sont passés nous visiter, et en même temps, pour certains, découvrir le beau quartier de Ménilmontant, ses pentes et ses ateliers d'artistes, par des journées radieuses d'été indien.
Aujourd'hui, lundi, le calme revient et me donne l'occasion d'un croquis dans le jardin de Traute.

jeudi 6 juin 2013

Un week-end à l'atelier de Belleville


[ aquarelle 13x41cm sur carnet moleskine aquarelle ]

J'ai participé cette année aux Portes Ouvertes des ateliers d'artistes de Belleville. J'y ai présenté mon travail de nu (fusains et aquarelles) ainsi que quelques carnets de voyage, des paysages et des "urban sketches".
Merci à tous ceux qui sont venus voir ou découvrir mon travail, c'était très agréable.
J'en ai profité pour faire deux petites aquarelles de l'accrochage type "atelier" que j'avais fait pour l'occasion.
Lorsque la pluie nous laissait un peu de répit, une belle lumière entrait par les grandes fenêtres de l'atelier.


[ aquarelle 13x41cm sur carnet moleskine aquarelle ]