[ par Sophie Voisin ]
On y vient parfois en coup de vent, pour rendre ou emprunter des ouvrages que l’on lira chez soi. Mais un fauteuil vide, un livre ou une revue qui nous interpelle et on s’arrête, plus longtemps que prévu, pour plonger dans le temps suspendu de la lecture.
Cependant il n’y a pas que des «feuilleteurs» de passage à la bibliothèque. On trouve aussi beaucoup d’étudiants de tous âges qui en ont fait leur bureau. Le rond de lumière d’une lampe de travail, un relatif silence - les ados agités sont vite rappelés à l’ordre - et la mise à distance des distractions domestiques sont une aide précieuse pour qui doit se concentrer.
Enfin, la chaleur ambiante peut mener à l’assoupissement. Parmi les dormeurs, certains n’ont pas d’autre endroit où se reposer. Dans le salon de lecture de la bibliothèque Couronnes, un homme d’un certain âge, entièrement vêtu de noir, son bagage au pied, vient chaque jour faire sa nuit. Il ne prend pas la peine de faire semblant de lire. Il allonge son corps autant qu’il est possible, et s’affaisse progressivement, son visage blême replié dans son blouson… puis se redresse brutalement, bref réveil hagard, avant de s’assoupir à nouveau. Personne ne le dérange, personne ne l’agresse. La bibliothèque, l’ultime refuge.
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