[ par Delphine Priollaud-Stoclet et Marion Rivolier ]
Delphine
Comme dans un rêve, je voyage à travers Memory of the Ocean, la prodigieuse installation de Chiharu Shiota qui se tient au Bon Marché jusqu'au 18 février.Patiemment tissée, la vague de fils de coton déferle et m'enveloppe.
Je dessine en immersion, tentant (un peu avec l'énergie du désespoir) d'oublier les commentaires désastreux, les pauses-selfies, la chaleur étouffante, le bruit et les petits pas malins qui tirent sur les fils "juste pour voir".
Where are my lines going ? Il faut tirer un trait-labyrinthe qui se croise et s'entrecroise sur les pas merveilleux d'une artiste qui se questionne. Qui nous questionne.
Je renonce à dessiner les 150 bateaux suspendus sous la verrière... Enfin, j'ai essayé... Mais comment faire émerger l'apesanteur, la vague qui s'envole, le voyage immobile ? Une autre fois, peut-être.
Marion
Avec Delphine, nous n'avons pas dessiné le même jour cette incroyable installation. Par contre, je suis tombée par hasard sur Hélène et Valie qui terminaient leurs dessins. Elles étaient épuisées mais ravies! Je me suis installée sur la coursive au dernier étage et j'ai plongé dans ce tissage incroyable : ces bateaux fragiles, tressés de fils blancs s'envolant vers un ailleurs, un monde meilleur ? Et cette forêt de fils noirs qui les suspendent et les maintiennent à flot... C'est si délicat et puissant à la fois que l'on oublie la difficulté, la chaleur étouffante et les adeptes du shopping... Cela se transforme en conversation intime entre l'oeuvre et mon pinceau qui prend de la vitesse et ne s'arrête plus de jouer avec les fils, les ombres et les lumières!
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