jeudi 16 août 2018

Bye bye zone de confort !

[ par Delphine Priollaud-Stoclet ]



Je déteste dessiner à l'intérieur.
Je déteste dessiner dans les musées.
Je déteste dessiner ce qui ne bouge pas.
Je déteste dessiner le détail d'architecture.
Je déteste dessiner des fenêtres.
Je déteste dessiner parce qu'il le faut.
Je déteste peindre avec un pinceau à réservoir d'eau.
Je déteste dessiner en sachant pertinemment que je n'ai pas le droit d'étaler mes aquarelles, mes pinceaux et mon pot d'eau comme j'aimerais.
Je déteste dessiner sous l’œil méfiant d'un gardien de musée.
Je prône souvent la nécessité de quitter sa zone de confort et de bousculer son savoir-faire de temps en temps... On ne peut mieux faire !

J'ai affreusement chaud, pas du tout envie de passer deux heures dans le RER, mes bagages à préparer pour les vacances, mon frigo qui fuit (quid de l'inondation que je retrouverai en rentrant ce soir ?), et la petite voix culpabilisatrice de ma conscience professionnelle qui me chuchote à l'oreille "tu devrais faire un repérage aujourd'hui, puisque pour une fois tu as le temps..."
Et voilà comment un jour de canicule parisienne, je me retrouve à arpenter la Cité de l'Architecture afin de préparer un stage consacré au cadrage qui se déroulera l'année prochaine dans ce magnifique musée.
Je jette d'abord mon dévolu sur la galerie des moulages, en traînant de plus en plus les pieds, écrasée par le poids de tous ces plâtres et de la température qui doit bien avoisiner les 40 degrés sous la verrière. Amusée par l’œil coquin d'un vieillard à longue barbe, je me dis qu'il ferait un parfait premier plan. C'était Moïse.
Ma main se prend au jeu des connections et du détail qui fait mouche. Je me surprends à sourire, tout en dégoulinant littéralement. Et moi qui pensait naïvement en profiter au moins pour dessiner avec la clim'...


Plus haut, la galerie d'architecture moderne et contemporaine déploie ses courbes en accueillant Paris par la fenêtre, qui déboule par effraction pour voler la vedette aux icônes de l'architecture.
J'aurais aimé avoir plus de temps pour essayer d'autres perspectives, mais il faudra se contenter de cette esquisse rapide, alourdie par ce #shittybrush de m... qui empêche de moduler l'eau et le pigment avec cette fluidité indispensable à la perception de l'espace, de la couleur et de la lumière.

De retour à la maison, j'éponge le sol de la cuisine. Une journée sous le signe de l'eau : trop, ou pas assez. C'est selon.

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