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dimanche 24 janvier 2021

(Re)confinement : Projet 1h 1km 1 dessin

[ par Marielle Durand ]



Plutôt que de repartir sur le motif du 1er confinement avec mes fenêtres dessinées depuis chez moi, je joue depuis le 30 octobre de la contrainte imposée par les règles sanitaires et capte chaque jour de mon heure et kilomètre autorisés des représentations de mon environnement proche du 13e arrondissement : la butte aux cailles, le quartier des peupliers, pour parler des lieux et personnes qui y vivent et travaillent.
Ma palette est volontairement limitée également, sur des tonalités d’automne qui éclairent cette période sombre : orange, rouge et gris, avec une touche de bleu.

03/11/2020
Ce matin déjà je voulais sortir. Et puis il y a eu des choses à envoyer, un coup de fil à passer, puis deux, une excuse puis une autre et encore une autre...
Cela m’arrive souvent, et sans le vouloir, de repousser à plus tard un dessin, une décision, un projet... et même souvent une fin !
D’où cette idée de jouer de cette contrainte limitant mon espace et mon temps et d’en faire un allié et une force. Moi qui suis capable de rester des heures debout dans le froid à dessiner des sujets parfois foisonnants détails, je me permets ici d’aller vers une certaine forme de simplicité, de proximité. J’ai toujours voulu faire un travail de mon lieu de vie. Il avait déjà un titre : 13 ans dans le 13e. J’en suis déjà à ma 14e année et j’ai encore assez peu de représentations de mon voisinage. Il aura fallu attendre un 2e confinement et un certain état d’esprit pour que je m’autorise à ne pas aller chercher ailleurs ce qui est juste là, sous mes pieds.
Cette vue de la butte aux cailles, je la connais par cœur, avec l’épicier, le point presse et la boulangerie Lorette où la moitié des enfants du collège Saint-Vincent de Paul qu’on aperçoit derrière, viennent acheter leur goûter. Devant l’entrée, chaque jour, un homme ou une femme font la manche.
C’est presque lui cet après-midi qui a décidé de mon dessin.
Seul sur ce sol humide, sans masque et tendant son petit gobelet de café vide, c’était vers lui que tout convergeait.

 


04/11/2020
Grande joie cette matinée de pouvoir sortir sous ce franc soleil et d’atterrir au petit jardin Brassaï que j’affectionne tout particulièrement. Caché entre la rue des 5 diamants et une large barre d’immeubles du boulevard Vincent Auriol, c’est un coin de verdure un peu secret, avec quelques pins, des bouleaux, des rosiers, une table de Ping Pong et un terrain de jeux moelleux pour les enfants en mal de cascades. La pelouse est grillagée. Sans doute depuis le retour de la pandémie ?! Fin septembre on pouvait encore s’y étendre, pique-niquer et contempler le ciel à moitié éveillé. Un peu déçue, je cherche un coin ensoleillé. Et mon cadre. Rapidement je le vois, avec ces aiguilles de pin, les bouleaux rougeoyants, l’immeuble années 30 en briques où habitait Camille, une femme sur un banc, les enfants entre le toboggan et le bac à sable, les buissons de roses devant. La vie est là. Des cris de victoire et de déceptions se succèdent aussi vite qu’un tour de manège. Des histoires formidables et sérieuses de rayons lasers qui vont bientôt arriver pour sauver le vaisseau intergalactique des malveillants poursuivants, le cheval en bois qui s’agite, la descente infinie du toboggan.. Moi ma chute date d’hier. Et étrangement comme mes autres accidents, c’est en montant que je suis tombée. Pas gravement cette fois mais juste assez pour me dire de faire attention.

À côté de moi, un homme et une femme jouent au Ping pong. Ils semblent s’être rencontrés dans un club très récemment. La femme est loquace, pose beaucoup de questions à l’homme et envoie des balles assez agressives visiblement sans s’en rendre compte. Plusieurs fois elles manquent de m’arriver dessus. Jusqu’au moment où , en annonçant qu’on ignore trop souvent que le ping pong est un sport dangereux, la balle m’atteint !!! 

 

07/11/2020
Hier j’ai mis un peu de temps à chercher mon point de vue, à arpenter les mêmes rues connues, à reprendre celles moins empruntées, voire oubliées comme le passage Boiton où j’ai redécouvert une fresque de Philippe Baudelocque et des jolies maisons cachées. Avant de revenir tout près, rue du moulin des prés, devant la petite échoppe de ma chère cuisinière coréenne Lee Young Kyung : Misso.
Cela fait plusieurs années que je viens déguster ou emporter ses petits plats frais faits sur demande. Bibimbap, Bulgogi, Jeyuk Deopbap, kimchi et autres noms qui m’échappent tant leurs sonorités sont lointaines. Mais c’est aussi un sourire et une générosité qui nous y attend. A chacune de mes visites, nous discutons ensemble de création, de sculpture que Lee faisait avant, de marche, de travail.. Et je repars toujours avec bien plus qu’un petit plat aigre-doux ! Alors hier j’ai arrêté mes recherches devant sa devanture. Lee m’a proposé un de ses petits tabourets et m’a ramené un thé au riz soufflé pour ne pas prendre froid avec la nuit qui arrivait. Ce week-end j’étais fatiguée et plus lente, c’était laborieux. Le manque de lumière ne m’a pas aidé mais j’étais heureuse d’enfin dessiner ce lieu. Quelques personnes m’ont parlé encore. Parmi eux, un homme et deux femmes. La première travaille dans le milieu hospitalier. Elle me fait presque peur avec ses histoires de complots.. Je préfère quand on parle de bleus et des yeux de sa fille. L’autre, une artiste assez âgée, a son atelier juste à côté. Elle me dit fièrement “J’ai pas fumé, j’ai pas bu, J’ai pas voyagé mais j’ai un atelier ! » Bon, J’ai pas fumé non plus mais j’ai voyagé et je renoncerai pas à partager un bon verre, surtout ces jours-ci !

Sinon pour les petits plats et celui que vous voyez dans le film “Parasite” (qui est délicieux mais sur réservation) c’est donc chez @missocoree_paris ouvert de 17h à 21h30 (horaires à vérifier parfois) sauf le dimanche.
Je publie presque chaque jour ces dessins. Il y en a aujourd’hui près d’une cinquantaine.


mardi 5 mai 2020

Mes accumulations et bazars d'intérieur - Paris - journal de confinement

[ par Marion Rivolier ]



Samedi dernier, j’ai organisé notre premier sketchcrawl confiné pour Urban Sketchers Paris. Le thème était « dessinez vos accumulations et bazars intérieurs » (merci à Delphine Priollaud-Stoclet). J’ai monté deux rendez-vous zoom avec les adhérents pour commencer la journée et la terminer en partageant nos réalisations. Nos amis sketchers d’Afrique du Sud nous ont rejoint l’après-midi grâce à Conradie Fawa et Mat Let qui ont organisé l’échange.
Pour la première aquarelle, j’ai choisi l’accumulation de crayons, pinceaux, couleurs, nuanciers, pinces et carnets en tout genre dans mon bureau-atelier. L’espace est vraiment étroit, encombré aussi de livres et de dossiers, mais je m’y sens bien pour travailler.


Comme je suis plutôt confortablement installée (ce qui n’est pas souvent le cas quand je suis dehors), j’ai pris quelques photo du travail en cours. Dans la première, la mise en place générale du sujet, en travaillant sur le rapport des objets avec l’arrière-plan. Dans la deuxième, on voit les valeurs colorées monter avec force. Il s’agit de ne pas se perdre dans les détails malgré la profusion et de garder la structure. Les touches colorées sont posées en dernier pour faire vibrer la composition sans la boucher.


Notre rendez-vous de 16 heures a lieu dans la cuisine (j’ai un peu plus de place pour peindre et discuter en même temps), alors je choisis comme sujet, l’évier, la vaisselle et tout ce que j’ai dégagé pour pouvoir installer l’ordinateur sur la table, plateaux et corbeilles de légumes et fruits.

Je vais jouer sur le rapport des couleurs vives des fruits et légumes avec les gris colorés et brillance de l’évier en zinc et de la vaisselle qui sèche.

Je n’ai pas encore terminé quand j’ouvre le « Drink & Share » sur zoom.
Les parisiens et les sud-africains se retrouvent pour discuter et montrer ce qu’ils ont fait pendant la journée. Nous mélangeons le français et l'anglais dans une conversation un peu désordonnée où les problèmes techniques informatiques rencontrent les aléas du dessin et du croquis. On s'envoie plein de bonnes ondes d'un bout à l'autre du monde avec des clins d'oeil en dessin.
C’est un chouette moment qui permet de voir les copains-copines, d’ici et d’ailleurs. 



On garde le lien malgré le confinement.
On continue à dessiner.
On garde le cap.

[aquarelles 21x60cm sur carnet Hahnemuhle aquarelle ]
#uskparisathome
#uskathome
#usk

lundi 21 octobre 2019

C'est la rentrée avec le Secours Populaire à l'Opéra Comique!

[ par Urban Sketchers Paris ]


                                                         [ aquarelle Façade de l'Opéra Comique par Claire Archenault ]
Brigitte Lannaud Levy :
Organiser des ateliers de dessin dans des lieux patrimoniaux nécessite un temps de repérage rigoureux et une organisation au cordeau. C’est ainsi que nous avons visité début septembre l’Opera Comique pour choisir et définir les espaces et les sujets de notre workshop avec le Secours Populaire. C’est l’occasion unique de découvrir accueillis par Maxime les lieux en off, en dehors de ses horaires de représentation. Pousser les portes qui mènent aux répétitions et sentir les vibrations créatives du lieu est magique. Le foyer Favart à double rotonde témoignage de l’art français de la toute fin du XIXème nous fait immédiatement rêver avec son lustre insensé et ses sculptures et peintures inspirantes . Mais aurons nous les autorisations nécessaires pour nous y installer armes de feutres, pinceaux à aquarelles alors qu’il vient d’être rénové il y a à peine 4 ans ? Nous attachons un soin plus que particulier lors de nos ateliers au respect des lieux, nos expériences précédentes au Panthéon en atteste . Nous attendons fébriles l’accord des responsables. Ce serait un si bel écrin pour accueillir les enfants.
Et puis le Ok go tombe et nous met en joie.
Marion conçoit alors un atelier qui embrasse l’espace comme une scène de théâtre dont les comédiens seront les statues que le trait des crayons des enfants mettrons en scène.
Le rideau peut enfin se lever!


Claire Archenault :
Lorsque je suis venue peindre la façade de l’Opéra Comique, les portes étaient fermées et seules les grandes fenêtres aux ornements dorés et chérubins musiciens laissaient présager la splendeur de l’intérieur.
Une semaine plus tard, quelle surprise de découvrir avec les enfants dessinateurs du Secours Populaire, l’escalier d’honneur et ses allégories, les mosaïques sublimes du sol, les sculptures , les fresques, les rideaux rouges et l’or du salon Favart.
Faire un atelier dans le Foyer, est aussi improbable que vrai. Tout le monde est ébloui, je dirai même « scotché »! petits et grands!
Nous installons les bâches avec du gaffeur sur le parquet de chêne au motif de point de Hongrie
Le thème choisi en amont par Marion pour cette séance de dessin sur le vif, est le plan et l’espace ou pour parler plus actuel, 2D et 3D… Il tombe à pic dans ce décor luxuriant et baroque, complètement restauré.


Les enfants sont très concentrés, il y a des histoires racontées sur les murs, des compositeurs célèbres de marbre dont la musique résonne dans l’espace, des portes dorées aux rideaux damassés qui invitent à traverser le miroir.
Le lustre au-dessus de nos têtes brille de mille feux, nous abordons même la 4ème dimension!!!
Un petit goûter de fin vient mettre encore une cerise sur le gâteau, pour ces artistes en herbe …

                                                                                            [ dessins de la séance par Sylvie Lehoux ]
Sylvie Lehoux aide Mat let pendant la séance et en profite pour croquer les enfants et les profs en pleine action!

Merci à Carole Charbonnier pour les photos qu'elle a faite pendant cette séance et que l'on verra bientôt exposée à l'Opéra Comique, on vous tient au courant.
Merci à notre équipe de choc : Brigitte Lannaud Levy, Mat let, Marion Rivolier, Claire Archenault, Tula Moraes et Sylvie Lehoux.
Et Merci à Faber-Castell et Canson pour les feutres, crayons aquarellables et papier qu'ils nous ont donnés avec une grande générosité.

Notre voyage continue au musée Guimet, à bientôt pour un carnet de voyage à travers l'Asie et ses arts!

jeudi 25 avril 2019

Sketch au fil de l’eau

[ par Carnets d'Agnès ]



La vie est pleine de surprises et de belles rencontres. C’est à l’occasion de l’une d’elles qu’est née cette idée folle.
Une balade sur la Seine en yacht privé, est en soi une belle aventure. Trop dommage de garder ça pour moi, j’ai proposé d’inviter quelques sketchers triés sur le volet, sans leur dire de quelle «balade» il s’agissait. Car c’est ça aussi la magie des surprises : réserver le lieu comme un cadeau supplémentaire. La balade est prévue un lundi.
Le samedi précédent, en cette très jolie journée de printemps, j’ai organisé une rencontre Urban Sketchers Paris au Port de l’Arsenal, dans le jardin éponyme. Le soleil est bien là, il fait encore un peu frais, mais c’est tellement agréable de se retrouver dehors. Chacun a trouvé de quoi se régaler en croquis, dessin ou peinture. J’en profite pour me familiariser avec le lieu, l’écluse, le jardin… le tout sous l’œil bienveillant du Génie de la Bastille.


Le lundi, le ciel moins ensoleillé a laissé place à des nuages et des couleurs tantôt sombres, tantôt claires-obscures. C’est fantastique et inespéré. Les 9 sketchers se retrouvent à l’embarcadère, un peu paniqués à l’idée de dessiner pendant cette balade. Un vrai challenge. Après l’écluse du Pont Morland qui laisse à chacun un répit de 10 minutes, nous filons à droite, sur le bras de la Monnaie, à 6 km/heure, une allure raisonnable mais fort ballottée par le va-et-vient des navires de plaisance, bateaux-mouches et autres péniches utilitaires.

 

Les couleurs sont jetées pour les uns, le trait hésitant pour les autres : c’est l’occasion pour chacun de sortir de sa zone de confort. Un voyage fantastique sur la Seine jusqu’à la Tour Eiffel, sous les monuments, les ponts, les bâtiments de cette belle ville que nous voyons rarement sous cet angle.
Un défi que chacun des artistes a relevé avec brio !

lundi 24 septembre 2018

SKETCHSWAP : un échange de dessins entre Paris et Barcelone

[ par Urban Sketchers Paris ]




Cette année, notre habituel échange de croquis de fin d’année passe les frontières.
Vous aimeriez recevoir un sketch de Barcelone pour les fêtes de fin d’année ? Alors participez au Sketchswap !
Fin novembre, nous enverrons nos croquis à Barcelone qui nous enverra les siens en retour. Lors d’un tirage au sort, en décembre, nous attribuerons un dessin à chacun des participants au projet.
Si vous êtes intéressés, inscrivez-vous avant fin septembre en envoyant un mail à SketchswapParisBCN@gmail.com . Vous recevrez alors tous les détails pour participer.

Format croquis : document original, maximum A4 minimum A5
Sujet : Paris intra-muros
Technique : au choix mais suivant les règles de l’Urban Sketching
Collecte : lors des rencontres USK Paris d’octobre et novembre.
.................................

Dear Paris Sketchers, would you like to receive a sketch from Barcelona for the end of year celebrations ? Take part in our Sketchswap!
We will send our sketches to Barcelona and receive theirs in return. We will will organise a draw in December to hand them to the participants.
If interested please send an email before the end of September to SketchswapParisBCN@gmail.com and you we will send you all the details needed to take part.

Format : max A4, min A5
Subject : City of Paris
Medium : as you wish but following the rules of Urban sketching
We will collect the sketches during the USK Paris meetings in October and November.

lundi 17 septembre 2018

Plongeon direct à l'aquarelle

[ par Brigitte Lannaud Levy ]



Entre le défi du mois de juin "Direct watercolors" et le workshop estival animé par Marion Rivolier -familière de cette technique-  j'ai fait un véritable virage à 360 degrés dans ma pratique artistique en laissant pour un temps, graphite et encre aux oubliettes. Familière du dessin préalable au crayon et du "repassage " à la plume,  je suis sortie totalement de ma zone de confort. Comme un plongeon en eau froide pour ne pas dire glacée. Dépaysement garanti pour passer un été de peinture tout en surprises.

 

Compte tenu de la grosse canicule sur Paris, je me suis réfugiée à l'ombre sous la canopée du nouveau forum des Halles. Je n'étais pas du tout convaincue par ce nouvel édifice des architectes Berger et Anziutti qui me fait penser à un chipster géant. Mais ce vaste passage de pas loin de 100 mètres de large offre une spectaculaire percée de lumière et des jeux de reflets magiques à peindre.


A deux pas, c'est dans le jardin nouvellement baptisé Nelson Mandela au pied de l'église Saint Eustache que je croque une élégante jeune Sketcheuse prénommée Caroline. Peindre directement au pinceau impose d'aller à l'essentiel, de ressentir et traduire une énergie en laissant de côté les détails. Il s'agit avant toute chose de se faire violence en oubliant la précision du trait qui habituellement définit les contours pour aborder son sujet au niveau des masses, des plans, des valeurs, de la lumière et du contraste des couleurs. Tout un programme. Il va falloir apprendre à jongler avec tous ces paramètres.


Devant les docks de la Cité de la mode et du design, je vois les nuages noirs arriver au loin. Inconfortablement installée debout sur le pont d'Austerlitz, je sens que le ciel de Paris va se déchirer et qu'une providentielle averse va rafraîchir la capitale. Cela me laisse peu de temps pour saisir ce panorama où l'on distingue au loin les tours de la bibliothèque François Mitterrand. Je fais le choix des couleurs intenses, presque pures et contrastées pour retranscrire en urgence la magie de cet instant juste avant la pluie. Pour prolonger cette expérience unique du pinceau, Marion me conseille la lecture de la peintre Fabienne Verdier "Passagère du silence: dix ans d'initiation en Chine" (Livre de poche). Je l'ai dévoré d'une traite. Maintenant il me reste à poursuivre sur cette voie et résister à la tentation pour ne pas dire "facilité" de reprendre le crayon. Le chemin va être long.

jeudi 14 juin 2018

C'était l'été du côté de Notre-Dame!

[ par Marie-Christine Compan ]




Le week-end du 26 et 27 mai, ce fut l'été à Paris pour deux jours. L'occasion enfin, de dessiner dehors après des mois de pluie. Depuis, la pluie est revenue...




Avec quelques Urban Sketchers de Paris, nous avons dessiné autour de Notre-Dame le dimanche, et aussi au Jardin des plantes le samedi. Foule des grands jours sur l'île de la Cité, touristes mangeant des glaces... Comme un air de grandes vacances.

vendredi 30 mars 2018

Faites entrer les chroniqueurs judiciaires

[ par Brigitte Lannaud Levy ]



C’est dans la salle de la chambre des Criées du Palais de justice de Paris que deux des plus talentueuses signatures de la presse judiciaire, Pascale Robert-Diard (au journal Le Monde depuis 2001) et Stéphane Durand-Souffland (au Figaro depuis 2002), ont choisi de présenter leur dernier livre écrit à quatre mains : « Jours de crimes » (Éditions de l’Iconoclaste). Ils y racontent par fragments  sur 400 pages tout ce qui fait le sel des audiences en cour d’assises: ce qui fascine et effraie, ce qui fait pleurer souvent, mais rire aussi parfois. 

  

Ils se définissent tous deux comme des  «  ripailleurs d’humanité »  et nous livrent ce qu’ils ont vu, entendu et surtout ressenti tout au long de leur carrière. Toujours en veillant à être au plus près du « nu de la vie » et des vérités intérieures de tous côtés : accusés, victimes, hommes de loi.  Si les procès dont ils rendent compte sont bien souvent célèbres (Yvan Colonna, Antonio Ferrara, Bissonet, Fourniret…)  on les redécouvre comme en changeant de focale. C’est à travers les angles morts ou dans les choses minuscules du quotidien qu’ils nous révèlent ces grandes affaires judiciaires. « Le diable est dans les détails » comme l’a écrit Nietzsche. 
 Avec le procès de Tarnac qui vient de s’achever entre ces quatre murs, c’était l'une des dernières fois que l’ont pouvait accéder à cette mythique Chambre des criées. Le déménagement du Palais de justice de Paris aux Batignolles va sceller le sort de cette salle.  C’est ici que depuis deux cents ans se déroulaient les ventes aux enchères judiciaires à la bougie mais aussi chaque année la conférence  Berryer, dite conférence du stage.  Ce fameux exercice d’éloquence,  d’aptitudes oratoires et de capacités de conviction, a distingué  les plus grands ténors du Barreau de Paris. Ce soir de janvier dernier,  ce sont les deux célèbres chroniqueurs  judiciaires que l’on a fait entrer dans la salle . Pas pour aller dans le box des accusés, ici il n’y en a pas mais pour prendre la place du Président et de la Cour, face au public.



C'est accompagnés de Tommy, un dessinateur qu'ils sont entrés dans l'arène.
L'artiste va en "live Sketching", ponctuer leurs lectures de dessins d’humour projetés sur un écran. Ces croquis sur le vif sont au fil de la soirée toujours percutants, justes et drôles, même quand les sujets sont graves. C’est toute la force du dessin de presse. En fin de soirée Tommy très généreux de lui même a réalisé des croquis rapides à côté des dédicaces des deux auteurs dans l'ouvrage « Jours de crime ». Les dessins sont irrésistibles.

©Tommy
©Tommy


Pour ma part croquer et peindre cette soirée était une gageure. Il faisait nuit et pour que le public suive les dessins de Tommy projetés sur écran, la salle a été plongée dans le noir. Mais j’ai pu néanmoins sortir mon matériel, mon pot à eau et aquareller à l’estime sur mon carnet. Les récits d’audience étaient captivants tant la complicité entre les deux auteurs était forte, leurs talents d’orateur indéniables et complémentaires. Un humour second degré, très british pour Stéphane Durand-Souffland et pour Pascale Robert-Diard une voix feutrée ponctuée de silences qui en disent long...toute en émotion. Une chance pour les lecteurs que ces deux sensibilités aient eu la bonne idée de croiser leurs plumes pour retracer les grandes affaires de leurs vies.











jeudi 8 février 2018

1861-2018, Dubois beaux arts c'est fini.

[ par Brigitte Lannaud-Levy, Marion Rivolier, Claire Archenault ]


©Brigitte Lannaud Levy
Témoignage de Brigitte:
"Depuis 15 ans que je vis dans le Quartier latin à Paris, en remontant la rue Soufflot, inlassablement je lève le nez en l'air vers la jolie enseigne en fer forgé du marchand de couleurs Dubois, affichant fièrement sa date de naissance « Depuis 1861 ». Modogliani, Matisse, Dubuffet, entre autres y achetaient leurs couleurs et tout leur matériel de peinture. Aujourd’hui les artistes du quartier, les élèves des Arts déco à quelques encablures de là, s’y donnent rendez-vous. On les comprend. Pousser la porte de ce magasin de beaux-arts est la promesse pour tout artiste, d’échanges passionnants sur les arts plastiques, les outils, les techniques et la garantie d’achats de qualité. Et pour les autres notamment les touristes c'est un enchantement au charme d'antan.

Marion Rivolier
Le magasin est en soit une véritable œuvre d’art : meubles de métiers en bois ciré, tubes de couleurs variées, arc-en-ciel de pastels, mannequins d’hommes et de chevaux en noyer, modèles de plâtre, chevalets artisanaux, cadres anciens... Un véritable cabinet de curiosité, une œuvre d’art en soit que Marion Rivolier a su saisir sur le vif.

© Brigitte Lannaud Levy

Et puis patatras, la mauvaise nouvelle est tombée comme la foudre sur une maison. Affichée en lettre or sur fond rouge sur la vitrine: liquidation totale, fermeture définitive. C'est une onde de choc dans le quartier. L'illustre maison Dubois transmise par Robert Dubois à son fils Guy puis ses petits fils Yves et Éric, va fermer ses portes faute de repreneur. Le 20 janvier 2018 pelle devient une quelconque boutique de fringues. Encore une. Ni une ni deux pour rendre hommage à cette enseigne mythique, je propose à Eric maître des lieux et son épouse Brigitte que nous venions avec deux sketcheuses parisiennes : Marion Rivolier et Claire Archenault . Nous immortaliserons l'intérieur en couleurs. L’exiguïté du lieu et l’affluence liée à la liquidation ne nous permettent pas malheureusement d’élargir la rencontre à d’autres dessinateurs".

© Brigitte Lannaud Levy 
Témoignage de Marion Rivolier:
"J'ai pas mal fréquenté Dubois, il y a 22 ans; alors étudiante aux Arts Déco. J'y aimais les odeurs, les couleurs et l'ambiance, un peu surannée.
Cela m'a fait un petit pincement au cœur de voir fermer ce magasin mythique pour les artistes professionnels ou amateurs. On est tous passés un jour ou l'autre chez Dubois pour acheter un simple crayon ou une superbe boîte d'aquarelle! Via les réseaux sociaux, j'ai reçu plein de messages d'amis du monde entier qui se désolent de ne plus pouvoir y découvrir des trésors".

© Marion Rivolier
"Au sous-sol, c'est l'antre de Patrick qui s'occupe de la PAO et des encadrements, il manie le massicot (avec tranchoir à l'ancienne) avec une grande dextérité."


©Brigitte Lannaud Levy
Témoignage de Claire Archenault
"Quand Brigitte m’a proposé de venir immortaliser le magasin Dubois avant fermeture définitive je venais de fabriquer un nouveau carnet... pas encore relié, avec papier pur chiffon . Je me suis laissée enjôlée par la beauté du lieu, les marques de couleurs mythiques pour les peintres, et le monde secret de ces magasins très spécialisés
Du cheval articulé en différents bois , dont loupe et bois dur (ébène?), les sacs de cuir pour artistes ( j'imaginais les peintres de plein air du siècle dernier, avec ces sacs en bandoulière) et la présence joyeuse de Patrick l' artisan , faisant ses dernières découpes sur cette cisaille Dubreuil, très bel outil, et surtout cette magnifique personne qui dans son dernier jour , travaillé dans l'entreprise, faisait comme d'habitude.
Une émotion, 2 croquis".

© Claire Archenault

© Claire Archenault

Brigitte : "Voilà Dubois c’est fini. L’enseigne a été décrochée, désarticulée et repose désormais au sous-sol du magasin, posée à terre au pied des chevalets. En attendant de suivre les frères Dubois dans leur retraite bien méritée. Merci à eux et à toute l'équipe Brigitte, Patrick, Laurent, Véronique pour leur accueil et leur générosité. Et bon vent pour leurs prochains projets qu'on leur souhaite de rester hauts en couleurs".

                                                                      © Brigitte Lannaud Levy 

lundi 11 décembre 2017

Jeter l'encre à Paris

[ Par Brigitte Lannaud Levy ]



Cette encre n'est pas de Chine mais de Malaisie. Elle m'a été transmise par le sketcher de Kuala Lumpur: Ch'ng Kiah Kiean (dit KK) de passage à Paris avec qui nous avons dessiné lors de plusieurs rencontres avec les Urban Sketchers parisiens dont le 57ème Sketchcrawl passage Debilly (voir article sur ce blog). Le noir de cette encre est particulièrement intense. On l'utilise avec un bâton de bois de jasmin taillé, ce qui impose un certain lâcher prise dans le trait et une grande souplesse du poignet. Le papier doit être de de préférence un grain torchon 300g/m² pour que la pointe de bois accroche sans que l'encre finisse en paquets. Allez, je me lance.


Le vent souffle fort ce jour là sur l'esplanade de la pyramide du Louvre. Une pluie battante et menaçante s'annonce au loin. Ça laisse peu de temps pour croquer avec cette brindille de bois qui m'intimide. Je suis menée à la baguette, c'est le cas de le dire. Cette contrainte météorologique impose de ne pas trop se poser de question et de laisser le bois taillé filer sur le papier en acceptant l'imprécision du trait qui crée des vibrations impromptues mais finalement assez bienvenues.


Même si le vent est glacé, c'est à l'abri sur la petite place Furstenberg que je m'essaie à un dernier croquis sur du papier satiné. La brindille gorgée d'encre glisse finalement sans paquets. Ce papier lisse apporte une certaine fluidité aux lignes. L'encre s'écoule à plus vive allure encore. C'est comme si mon dessin m'échappait un peu. Pour faire les feuillages, je prends un pinceau de soie de porc à peine imbibé d'encre. La mise en couleur est rapide à l'aquarelle avec ce rouge brun de garance si caractéristique de la fameuse place de Saint Germain des près. Cette journée en terre inconnue très exotique s'achève avec la satisfaction d'être parvenue à sortir enfin d'une certaine zone de confort. Et ça fait du bien.

samedi 11 novembre 2017

Un 57ème SketchCrawl parisien entre deux rives

[ par Urban Sketchers Paris ]


[Annick Botrel]
Dimanche 22 octobre dernier, c'est sur la très graphique passerelle Debilly dans le 16ème arrondissement que les Urban Sketchers parisiens se sont retrouvés pour le 57ème SketchCrawl qui s'est déroulé entre deux rives et entre deux pluies. Ce pont en arc d'acier pour piétons et vélos traverse la Seine et relie l'avenue de New-York au quai Branly. Ce qui permettra aux dessinateurs d'aller du musée d'Art Moderne situé sur la rive droite au Musée du Quai Branly côté Rive gauche, en quelques foulées seulement.


Parmi les tous premiers dessinateurs à se retrouver au petit matin à la fraîche, nous avons la joie d'accueillir Kiah Kiean Ch'ng, dit KK, célèbre artiste malaisien accompagné de sketchers venus de Dublin, Londres, Bruxelles et Malte. Voilà une rencontre toute parisienne qui prend des couleurs internationales.
[Kiah Kiean Ch'ng]

Construite sur une charpente métallique, la passerelle Debilly se fait l'écho d'un autre ouvrage lui aussi métallique mais bien plus imposant que l'on aperçoit au loin. C'est notre véritable fierté nationale que l'on ne présente plus. Equipé de son fameux twig (brindille de bois de jasmin) et de son encre de chine utilisée à sec, Kiah Kiean Ch'ng traduit sa vision toute en sensibilité de l'imposante dame de fer. Sous la souplesse de son trait, elle en devient légère et aérienne.

 
[Agnes Selles]
C'est au pied de la passerelle Debilly que certains trouveront l'inspiration entre les bateaux et les quais jonchés de feuilles d'automne. Et d'autres très avisés se mettront à l'abri des quelques averses sous les ponts ou dans les Musées voisins bien au chaud pour dessiner.

[Oludotun Fashoyin]

[Monique Jarrier]

La journée se termine rive droite côté Musée du quai Branly pour le traditionnel drink and draw qui clôt le Sketchcrawl. Une sorte de battle de dessins s'enclenche juste avant la fermeture du café.

 
[ KK, Savath et Ray sous le pinceau de Marion Rivolier]

[KK, Savath, Ray croqués par Marion] 




















Pour la photo finale, une poignée des nombreux participants qui sont venus au fils des heures dessiner Paris au fil de l'eau prennent la pose avec leurs réalisations. Ce fût une bien belle journée animée par toute la chaleur de ces dessinateurs venus d'ailleurs. Merci à KK, Emma, Tania, Ray, Barbara, Kim et tous les Urbansketchers parisiens réunis autour d'eux.