vendredi 22 février 2019

Back dans les bars

 [ par Mat Let ]


J'ai eu la chance de passer les fêtes au soleil en Inde. Mais de retour, malade, temps gris, ce fut très dur de retrouver la motivation pour aller dessiner dehors.
Heureusement, le message d'une amie dessinatrice et la promesse d'une bière m'ont convaincu de sortir de ma tanière, pour aller dessiner au Mazet, un pub irlandais près d'Odéon.
Ce monsieur avec sa silhouette cabossée par la vie et sa solitude au bar a tout de suite attiré mon regard. Il semble être un habitué du lieu qui vient boire un verre pour se réchauffer.
J'essaye de capter la lumière qui se reflète sur son cuir élimé et si j'aime le résultat global, je pense que le tout aurait mérité un peu plus de délicatesse...




Plus tard dans la semaine, en plein après-midi, je me retrouve à la Timballe, un bar branché proche de Simplon. Autour de moi, des trentenaires uniquement, en mode co-working. ça parle business plan dans un coin, théâtre et projet artistique dans un autre.
Le serveur m'ignore pendant au moins 30 minutes, ce qui me laisse le temps d'alterner feutre et encre grise pour jouer sur le focus de mon dessin.
J'obtiens finalement un verre de vin chaud et le serveur apprécie le résultat final. Il propose de m'offrir mon verre en échange du dessin. Je propose de lui faire un tirage. Il veut l'original, je ne veux pas être payé 4€ pour plus d'une heure de travail, on se quitte sur un sourire crispé...
C'est toujours compliqué de faire comprendre la valeur d'un dessin aux gens, même quand il est sans prétention.




Passant du bas du 18ème à la butte, je rentre au Cépage Montmartrois, le lendemain, à la même heure. Mais ici, l'ambiance est toute différente : les startuppers et artistes en devenir ont laissé place à une légion de retraités. Je pense honnêtement être le seul client de moins de 65 ans dans le bar. Bon, ça tombe bien, j'ai toujours aimé dessiner les "vieux".
Je commence par ce groupe de femmes qui ont l'air de bien s'amuser. N'entendant pas leur conversation, je les imagine en train de partager les derniers ragots du quartier. Moi, je m'emmêle un peu les crayons de couleurs, avec cette technique que je ne maîtrise pas bien et ce papier un peu trop granuleux.




Du coup, je retourne dans ma zone de confort en dessinant le monsieur aux cheveux blancs en face de moi à grands coups d'encre noire et avec quelques touches d'aquarelle. Il est plongé dans une grande conversation avec sa voisine sur l'utilisation de Whatsapp, quelque part entre la tentative de séduction et le mansplaining patenté. Il ne me remarque pas et, mon chocolat chaud fini, je remballe mes crayons pour partir vers de nouvelles aventures au coin des zincs parisiens.

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