lundi 2 juillet 2018

Les Parisiens sortent de leurs tannières

 [ par Mat Let ]



- Ah il a fait beau aujourd'hui, mais qu'est-ce qu'on a eu comme mauvais temps cet hiver et ce printemps !
- Ça, depuis le temps qu'on dit que y'a plus de saisons !
- Oui enfin, on nous bassine avec le "réchauffement climatique", moi je dis qu'on devrait appeler ça le "refroidissement climatique" !
- Ah la Jeanine, elle en loupe pas une !!


Paris, c'est le printemps, il fait enfin beau, les mamies sont de sortie et moi aussi ! Leurs expressions, leurs poses sont vraiment parfaites pour un petit croquis et je m'imagine le dialogue ci-dessus tandis que je commence à les dessiner...
Je n'ai qu'une angoisse : qu'elles s'enfuient avant que je n'aie le temps de capter la lumière qui perce entre les feuillages et éclaire superbement la scène. Mais tout va bien, elles ont le temps de vivre et moi celui de m'atteler à l'arrière plan après leur départ...



Autre génération, autre ambiance à la terrasse du Dionis, un bar du XVIIIè où je m'installe pour la première fois. Tandis que le couple à gauche prend le temps de discuter, le groupe de jeunes proche de moi est bien agité : ça parle histoires d'amour et de sexe, ça commande des bières, ça change de place toutes les cinq minutes, on s'interroge sur l'avenir, le statut d'intermittent, les loyers parisiens...
Moi je bois une limonade histoire de décorréler mon taux d'alcoolémie et ma production de dessins. Et puis surtout, je prends le temps de jouer avec le jaune de Naples, le vert de vessie et mon tout nouveau godet de rose opéra pour essayer de rendre la lumière du soir et le mélange entre l'éclairage de la rue et celui du bar.

Croquis fini, je commence à ranger mes affaires. Je n'ai pas trop le courage de montrer le dessin au groupe, parce que je les ai épiés pendant une heure et demi et que j'ai l'impression d'avoir pénétré leur intimité un peu plus que nécessaire... Mais le serveur en décide autrement : voyant mon carnet, il s'en empare et va le montrer aux intéressés, les désignant les uns après les autres.

Résultat, le croquis est apprécié et je pars en leur promettant de leur envoyer un scan du dessin tandis que le patron me demande de mieux choisir mon angle la prochaine fois, histoire qu'on voie son bar !


Par un dimanche après-midi ensoleillé, quand on habite près de Montmartre, quoi de mieux qu'un petit tour au Sacré-Coeur ? L'ambiance est détendue sur la pelouse où les touristes admirent la vue panoramique sur Paris.
Quant à moi je préfère regarder les gens que ce qu'ils regardent et dessiner des faces plutôt que des dos, donc je m'installe à "contre pente". C'est tout à fait inconfortable et absolument pas discret, mais personne ne semble se soucier de moi. Je continuer à voir la vie en rose opéra et décide donc de repeindre le Sacré-Coeur de façon un peu plus gaie !
Quand je cadre ma photo souvenir, je m'aperçois avec satisfaction que mon oeil et mon instinct ne m'ont pas trompé sur les proportions de la basilique. Par contre, je me suis complètement planté sur celles du mur, mais ça personne ne pourra jamais le prouver !
Carnet en poche, je rentre chez moi, de l'autre côté de la butte, en priant les dieux du climat pour que celui-ci reste un peu au beau, au moins pour le salut des Urban Sketchers !

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