lundi 1 octobre 2018

Alex, un américain à Paris. Première rencontre

[ par Alex Hillkurtz. Propos recueillis par Brigitte Lannaud Levy ] 




Sur la toile, ses dessins élégants de la capitale n'ont pas pu vous échapper. Son style, son trait, sa touche, sa palette, ses sujets sont reconnaissables entre tous. Et surtout il saisit Paris sur le vif au rythme soutenu d'un visiteur qui en est tombé amoureux. Il s'appelle Alex Hilkurtz, il est anglais de naissance mais vit depuis toujours sur la côte ouest des Etats-Unis. Nous sommes nombreux à suivre son travail. Très actif sur les réseaux sociaux, il y est généreux en échanges et vient tout juste de dépasser les 25.000 followers sur Instagram. En séjour longue durée à Paris, nous saisissons cette opportunité pour le rencontrer et lui demander de nous rejoindre dans le groupe Urban Sketchers Paris pour partager sur notre blog: son regard, sa pratique, ses réalisations. Nous nous rencontrons café de la Mairie place Saint Sulpice. Et comptons bien le suivre au fil des mois, de dessin en dessin.

Brigitte : Ce premier croquis d'un immeuble de la rue Soufflot que tu nous présentes aujourd'hui est celui de ta carte de visite. En quoi est-il emblématique de ton travail? 

Alex : Cela fait 25 ans que j'oeuvre dans le cinéma en tant que "story-board artist " à Hollywood. Dans cette pratique professionnelle je croque surtout des scènes de personnages en action. Pas moins de 40 réalisations par jour, ce qui est une astreinte et une pression très forte. La cadence est lourde. Aussi quand je dessine pour mon plaisir, c'est l'architecture qui me passionne avant tout. En particulier celle de Paris que je trouve très belle. M'y consacrer, en prenant mon temps est récréatif. C'est presque méditatif pour moi.

Brigitte : Pourquoi ce bâtiment précisément?

Alex : Il est typique de l'architecture parisienne. Dans ce cas précis, c'est plutôt la lumière dans laquelle il baignait qui m'a attiré. Cette ombre portée de l'immeuble en face qui semblait monter tout doucement d'étage en étage, m'a interpellé. Cela m'a plu de saisir cette fin d'après midi où la clarté s'estompe tout doucement.

Brigitte : On remarque un léger réhaut blanc sur la façade et dans le ciel.

Alex : Oui car le papier que j'ai choisi est teinté. Du coup j'utilise un crayon de couleur blanche qui me permet d'éclaircir mon croquis, de lui apporter de la lumière.

Brigitte : Sur beaucoup de tes dessins, comme sur celui-ci, il y a ce cercle brun et ces éclaboussures immédiatement reconnaissables comme une signature. Peux-tu nous en dire plus? 

Alex : J'aime souvent dessiner depuis les terrasse de café autour d'un double expresso ou d'un crème. Cette marque est celle du café que je viens de déguster que j'imprime sur le papier avec le fond de ma tasse une fois mon croquis fini. Je trouve que cela donne vie à mon dessin, ça immortalise le moment que je viens de passer. Je ne l'utilise pas toujours. C'est le dessin lui même qui réclame d'être estampillé de cette façon ou non. Parfois je vais jusqu'à tremper mon pinceau dans le marc de café pour ombrer mon dessin. C'est aussi une façon de ne pas trop me prendre au sérieux, comme un clin d'œil au moment présent.



Avant de nous quitter Alex nous confie cette citation d'Edgar Degas qui lui tient particulièrement à coeur et qu'il aime partager: " L'artiste ne dessine pas ce qu'il voit, mais ce qu'il doit faire voir aux autres".
Rendez-vous pris le mois prochain, pour parler de sa palette.

1 commentaire:

  1. J'aime beaucoup ce que fait Alex Hillkurtz. J'ai eu le plaisir de le croiser sur une journée USK sur Tours en juin 2018.

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