Gennevilliers, quai Aulagnier |
Nouveau sur ce blog, je suis un parisien à mi-temps, pour le travail. Je regarde la capitale depuis Lille. J’observe cette ville chaque semaine depuis quelques années, elle me tente, mais je ne pense pas que j’y habiterais. Je loge à l’hôtel pas trop cher, dans différents arrondissements, et en période touristique comme en ce moment, plutôt en banlieue. Mon métier ne concerne pas l’image, je dessine pour me détendre.
Je voudrais descendre directement des peintres préhistoriques dans les cavernes. J’aimerais pouvoir peindre comme eux, avec ce que je trouve sur place. Ainsi ces pochades sont des “peintures de terroir”. À la campagne, j’aurais introduit la terre du pays à peindre, ici en ville, j’ai acheté mes ingrédients au centre commercial du coin. Il y a sur la feuille ce que les habitants mettent sur leurs murs. Au magasin de bricolage, j’ai été séduit par des tubes de colorants, à rajouter dans la peinture. J’ai beaucoup espéré dans un vert olive, mais il a suffi d’une goutte d’eau pour dissoudre mes illusions. Un jaune azo est parti sur les franges, laissant un vert phtalo sur le centre ; des colorants industriels spécialement peu charmants. Comme medium, j’avais acheté au Franprix de tout pour les cheveux : de la laque, de la cire et du gel. La laque fixe, mais on la dirait insoluble, impossible à tirer au pinceau, elle fait des auréoles élégantes mais difficiles à maîtriser, à voir ci-dessus. Je me demande comment on s’en lave les cheveux. La cire fixe, s’écrase, mais se dilue assez mal. Le gel est une belle trouvaille, voir ci-dessous, un medium transparent pour les gouaches et les aquarelles, et en plus, bio et hypoallergénique. Agrémenter son matériel avec de la production locale permet de s’acclimater au pays, pour ne pas tout réduire à la grille a priori de son dessin et se laisser modifier par son sujet.
L’Île-Saint-Denis, blocs de la pointe sud |
Ce sont deux images de bord de Seine, tout à fait impressionnistes. Le sketch urbain n’est pas très différent de Monet peignant des usines, ou Turner un train. À droite, des toxicos se finissaient à l’alcool, à gauche, un homme mûr aux pieds nus regardait passer l’eau, on ne pouvait dire où il avait dormi. Ils étaient là comme moi, pour prendre un moment de calme au bord de l’eau. Aucun n’est venu me regarder dessus l’épaule, parce que probablement aucun n’aurait voulu que je vienne lui parler. La prochaîne fois, je chercherai une composition pour les faire rentrer. Mes images ne sont pas complètes, elles ont comme des airs de clichés volés, elles n’ont pas tout dit de l’endroit, elles sont cadrées sur ce que je savais peindre. La prochaine fois, je prendrais le risque de ce que je ne sais pas faire, même mal dessiné, pour communiquer un moment plus vrai, moins tronqué. Au fond, qu’importe ces vues de Seine qu’on peut voir sur Google, elles manquent de gens, elles sont d’un lieu, mais ce ne sont pas encore des moments.
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