lundi 11 décembre 2017

Jeter l'encre à Paris

[ Par Brigitte Lannaud Levy ]



Cette encre n'est pas de Chine mais de Malaisie. Elle m'a été transmise par le sketcher de Kuala Lumpur: Ch'ng Kiah Kiean (dit KK) de passage à Paris avec qui nous avons dessiné lors de plusieurs rencontres avec les Urban Sketchers parisiens dont le 57ème Sketchcrawl passage Debilly (voir article sur ce blog). Le noir de cette encre est particulièrement intense. On l'utilise avec un bâton de bois de jasmin taillé, ce qui impose un certain lâcher prise dans le trait et une grande souplesse du poignet. Le papier doit être de de préférence un grain torchon 300g/m² pour que la pointe de bois accroche sans que l'encre finisse en paquets. Allez, je me lance.


Le vent souffle fort ce jour là sur l'esplanade de la pyramide du Louvre. Une pluie battante et menaçante s'annonce au loin. Ça laisse peu de temps pour croquer avec cette brindille de bois qui m'intimide. Je suis menée à la baguette, c'est le cas de le dire. Cette contrainte météorologique impose de ne pas trop se poser de question et de laisser le bois taillé filer sur le papier en acceptant l'imprécision du trait qui crée des vibrations impromptues mais finalement assez bienvenues.


Même si le vent est glacé, c'est à l'abri sur la petite place Furstenberg que je m'essaie à un dernier croquis sur du papier satiné. La brindille gorgée d'encre glisse finalement sans paquets. Ce papier lisse apporte une certaine fluidité aux lignes. L'encre s'écoule à plus vive allure encore. C'est comme si mon dessin m'échappait un peu. Pour faire les feuillages, je prends un pinceau de soie de porc à peine imbibé d'encre. La mise en couleur est rapide à l'aquarelle avec ce rouge brun de garance si caractéristique de la fameuse place de Saint Germain des près. Cette journée en terre inconnue très exotique s'achève avec la satisfaction d'être parvenue à sortir enfin d'une certaine zone de confort. Et ça fait du bien.

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